7/4/2020
A Didier Squiban, pianiste, compositeur breton, inspiré par Molène
Molène,
Molène, la première fois, ne fut qu’une simple escale
Le ciel était bien bas, morose était la cale
On n’y mit pas le pas, on allait à Ouessant
On n’imaginait pas le piano de Squiban…
Des improvisations, fluidités marines
Mer turquoise, sable blond où nageraient des Ondines
Vagues d’Iroise, des frissons, des notes cristallines
Limpides suspensions de rêveries sibyllines…
Molène s’éclairait mais gardait ses mystères
Des écueils, des courants : «Qui voit Molène, voit sa peine »
On espérait pourtant ce petit bout de terre
Dans l’archipel du temps, comme une pause sereine…
Avec les marchandises, rapidement débarqués
Seuls touristes déposés, seuls touristes sur le quai,
Nos premiers pas sur l’île furent certes ensoleillés
Mais le froid nous saisit, vent du Nord bien glacé.
Après l’embarcadère, il nous faudra grimper
Les maisons sont discrètes, de murs emmitouflées
Ici pas de grands airs, petites, plutôt serrées
Des façades décrépies s’égaient de jardinets.
Un hôtel, une crêperie, mais tout semble fermé
Voici le restaurant où l’on aura la clé
Notre gîte sur le port est superbement placé
La terrasse au soleil réchauffe nos pensées…
Les ruelles sont désertes, abritées de murets
Des fenêtres muettes et des volets fermés
Il faudra l’épicerie pour trouver où parler
Seuls clients chez Rachel, on boira le café…
Des tracteurs s’affairent sur les digues encombrées
Les rafiots dans le port dansent avec la marée
Les nuages et le vent leur soufflent dans le nez
Bougent le ciel et la mer quand la terre semble figée…
Les hommes sont taiseux mais sauveteurs chevronnés
Des imprudents « voileux », des funestes naufragés
Des Anglais de surcroit, sujets d’ sa Majesté
Qui, on ne sait pourquoi, vinrent ici s’égarer…
Du port au sémaphore, au plus haut érigé,
Autour de son église, le village est groupé
Mince part de la « galette » sur la mer posée
La part belle aux lapins, la lande et les terriers !
C’est là que nous laisserons se perdre nos pensées
Sur les chemins en herbe, sur le sentier côtier
Où les pierreuses grèves flirtent avec les lotiers
Où la mer et la terre aiment se marier…
Nous sommes sur le départ, Molène garde ses chimères
Nous sommes de passage, Molène cache ses misères
Ses tempêtes, ses naufrages, ses bourrasques d’hiver
On sauvegarde des images et les mots vont se taire …
Molène du 4 au 6 avril 2019 Danielle Tardif
6/4/2020
Armérie maritime
Nous sommes au soir d’une journée grise
Où l’astre chaud fut sous emprise
Sous le cumul des enclumes
L’herbe se noie de pluie, de brume…
Soudain l’espoir, divine surprise,
Déchire le soir, libère la brise ;
Fuient les nuages comme par miracle
Heureux présage d’un beau spectacle…
Le cap à l’ouest sur nos boussoles
Nos GPS fébriles s’affolent
Chemin de terre, effervescence
Voici la mer, la renaissance !
Nous avançons vers la lumière ;
L’air est limpide, l’eau nous éclaire
Masse liquide, miroir intense,
Nos cœurs rayonnent d’une joie immense…
Et nos visages s’illuminent
Quand le rivage se dessine
Sombres rochers, écume marine
Flirte le sentier, les vagues s’affinent
Courts pompons roses, couche maritime,
L’Armérie pose, pelouse ultime…
Quand le soleil doucement décline,
La terre, la mer, s’épousent, intimes…
Balade du 1er soir, entre Port Brigneau et Kerfany, avec F. au GPS
Kerouer, Moëlan/mer, Dimanche 22 mai 2016, Danielle Tardif